Trois ans après le succès colossal du X100VI, Fuji remet le couvert avec son nouveau modèle sobrement nommé X100VII : qu’attendre du nouveau boîtier face à la concurrence ? Retournons en 2024 et voyons le chemin parcouru par les différentes marques pour essayer d’y voir plus clair.
Le Fujifilm X100VI
Successeur très attendu du X100V dont le succès sur les réseaux sociaux avait mené à une rupture de stock mondiale, beaucoup avaient pensé que son arrivée baisserait les prix du marché de l’occasion. C’était sans compter sur des précommandes affolantes, et malgré un prix de 1800 euros en Europe, il s’est vite retrouvé à plus de 2200 euros sur le marché de l’occasion. Et à l’heure de l’annonce du successeur, énormément de commandes sont encore en cours de livraison. Ce n’est pas forcément un mal puisque le nouveau boîtier sera aussi sur précommande et en quantités limitées, il va falloir être très rapide pour en obtenir un à sa sortie. C’est encore une fois un appareil destiné aux Experts même si la prise en main est enfantine et que l’on peut photographier directement en JPEG, ce que les débutants apprécieront. Pour les professionnels, cela reste bien trop léger avec un capteur APSC donc orienté « amateurs ».
Caractéristiques techniques
Je ne vais pas reprendre toutes les caractéristiques techniques que l’on peut trouver sur les différents sites de test, le poids à peu changé, le viseur et l’écran arrière restent les mêmes, et niveau ergonomie il n’y a que le retour de la croix directionnelle qui change. Il sera toujours proposé en noir ou en argenté, mais une nouvelle finition « natural leather » brune sera disponible en série limitée pour 290 euros de plus.
En photo : suivi de la gamme Fuji
Côté photo, là où le X100VI apportait le capteur 40 MP du Fuji X-T5, ainsi qu’une stabilisation théorique un peu limite de 6 stops, le Fuji X100VII reprend logiquement le capteur « stacké » de 45 MP déjà vu sur les XH3 et X-T6, et la stabilisation à 9 stops. L’objectif est toujours un 23mm f/2 mais la formule optique a été revue afin de satisfaire l’augmentation de la résolution, sans pour autant sacrifier la montée ISO extrêmement bien gérée par le X-Processor 6 donné comme trois fois plus rapide et qui permet de shooter jusqu’à 512000 ISO. On notera que, encore une fois, il dépasse le boîtier de la gamme X-pro, puisque le X-pro 4 ne bénéficie « que » du X-Processor 5 et du capteur vieillissant de 40MP. Cerise sur le gâteau, l’électronique permet maintenant une rafale de 25 images par seconde, faisant de ce boîtier le meilleur appareil compact-sportif à focale fixe.
L’utilisation du JPEG et les traitements sont toujours mis en avant, côté simulations de films, l’arrivée de Purple Tone et Turquoise Tone semblent rappellent les fameuses pellicules créatives de la marque Lomography (déjà testées dans cet article) et cela devrait satisfaire bon nombre de photographes amoureux des pellicules créatives. Les fanatiques de 500px et amateurs seront également ravis de retrouver un preset HDR qui leur évitera de passer par Lightroom, Photoshop ou autres afin d’obtenir le maximum de détails, partout.
Pour les amateurs de traitements, ne vous inquiétez pas : comme toujours vous pourrez retrouver vos presets favoris dans la colonne de droite du module de développement de Lightroom, avec l’aperçu de l’image retouchée de façon très créative. La simulation « BI X », seule nouvelle en noir et blanc, offre de beaux contrastes et un grain assez fin, mais je n’ai pas pu trouver l’explication de son nom.
En vidéo : l’atteinte des sommets
Là où le X100VI frôlait la ultra HD avec du 6K à 30 images secondes, le X100VII passe à la vitesse supérieure en proposant le 8K à 30fps 10-bit 4:2:2 – certains trouveront ceci trop lourd pour être utile, mais il ne faut pas oublier que beaucoup d’utilisatrices et d’utilisateurs viennent de la vidéo d’influence, et ce format permet de pas mal cropper. Intéressant pour les VLOGS safari-macro par exemple : vous pourrez afficher des insectes en très très grand.
Côté mémoire, la limite à l’UHS-1 reprochée au précédent modèle est abandonnée, au profit d’un port mixte UHS2 en SDxc ou en CF Express Type A, cela devrait mener à des enregistrements plus rapides et moins de surchauffe.
La concurrence
Le marché des compacts est toujours maigre, malgré l’espoir de voir bientôt débarquer le tant attendu plein format Nikon TI-1 et son 35mm au look volontairement rétro, mais on sait déjà qu’il sera équipé d’un viseur numérique à la manière du dernier Leica Q4, Fuji est donc toujours le seul à proposer un compact à visée style télémétrique.
L’arrivée de ce dernier sur le marché en décembre dernier n’a d’ailleurs pas réellement changé la donne, peut-être Leica a-t-il atteint un plafond de verre avec son boîtier « parfait », et mis à part la disponibilité et le prix il n’y aurait réellement plus grand chose à modifier : le viseur à 9.5mpx et l’autonomie qui dépasse enfin les 700 images étaient les dernières améliorations possibles. Bien sûr l’autofocus à toujours un léger train de retard en comparaison aux derniers Sony A7R6 et A79IV, mais le public n’est pas le même, les attentes ne sont pas les mêmes et il peut probablement suffire amplement à certains photographes.
À 6800 euros (si tant est que l’approvisionnement suive, les commandes de l’an dernier arriveront au mieux avant le début 2028) le choix de l’occasion s’avère nettement plus pertinent pour la grande majorité des photographes amateurs. Pour les afficionados des angles plus serrés il reste l’alternative du Q3L avec son 40mm f/2 mais la production limitée a fait exploser les prix sur le marché de la seconde main.
À budget plus raisonnable, le Ricoh GR4s est le concurrent le plus direct : la variante 35mm du GR4 sorti il y a deux ans a toujours de beaux atouts, à commencer par sa compacité et ses fichiers légers dûs au capteur -un peu orienté amateurs certes- de 24MP, mais il faut faire l’impasse sur la vidéo qui a 10 ans de retard et la visée optique, ici seul l’écran vous permet de cadrer correctement, et encore en 60hz il arrive que cela saccade. Et malgré les deux années écoulées le prix reste toujours à 1400 euros, quand on sait qu’il faut au moins y ajouter huit batteries supplémentaires pour tenir la journée, le choix est difficile tant le tarif le rapproche du Fuji X100VII.
Donc à budget presque équivalent, il est le seul vrai concurrent du Fuji X100VII mais son capteur de 24MP le destinent plutôt aux amateurs n’ayant pas pour projet de tirer en très grand leurs images.
Date de sortie, prix, conclusion
Le Fuji X100VII sera disponible en magasin pour les plus rapides dès le 15 mars 2027, et à la précommande dès la semaine prochaine, pour le prix de 2100 euros – 2390 avec la finition « Natural Leather ».
Cet appareil vous fait rêver ? Il n’existe pas, tout autant que les autres cités dans l’article. N’attendez pas du matériel qu’il fasse de vous un meilleur photographe, le matériel n’est qu’un outil. Lisez des livres plutôt que des comparatifs et des fiches techniques, allez à des expos au lieu de comparer les pixels de deux capteurs ou de deux objectifs, et gardez en tête qu’il vaut mieux faire de bonnes photos moches que de belles photos insipides.
Faites avec ce que vous avez plutôt que de ne pas faire avec ce que vous n’avez pas; le prochain appareil sera mieux que le précédent et moins bien que le suivant, comme les téléphones, les voitures, les télés, les avions, les frigidaires et les aspirateurs.
Bonne journée.
nb. Toute ressemblance avec des informations sur les sites de « rumors » sont pures coïncidences, mais pourraient être exactes car elles vont dans la logique des évolutions techniques.